Les auteurs de ces études ont constaté que les données permettant de comparer les incidents au cours des accouchements étaient souvent biaisées ou incomplètes, aboutissant ainsi à la conclusion selon laquelle les accouchements hors structure hospitalière étaient plus risqués.
Le 24 novembre 2011, une étude publiée par le British Medical Journal 1 a démontré que l'on peut proposer aux femmes ayant eu une grossesse à bas-risque le choix du lieu de leur accouchement. Une équipe dirigée par le Professeur Peter Brocklehurst de l’Université d’Oxford a entrepris de comparer les résultats périnataux et les interventions pendant le travail selon le lieu d’accouchement planifié à travers le réseau du « National Health Service »2 en Angleterre. Ces lieux comprenaient le domicile, les maisons de naissance, les filières sages-femmes dans un cadre hospitalier avec des services obstétricaux et les unités obstétricales.
Un total de 64 538 enfants nés à terme de femmes ayant eu une grossesse simple à bas-risque ont été inclus dans l’étude . Les facteurs, tels que l’âge maternel, le groupe ethnique, l’indice de masse corporelle et le milieu socio-économique ont été pris en compte. Bien que cette étude démontre que les nullipares optant pour un accouchement à domicile encourent plus de risques, il n’y a aucune différence significative dans le taux d’incidents pour les multipares selon leur lieu d’accouchement. Il est à souligner que, quelque soit le lieu d’accouchement, le taux moyen d’incidents reste très bas (4,3 pour 1 000 naissances).
Les résultats démontrent également que les interventions durant le travail telles que la péridurale, l’utilisation de forceps ou les césariennes étaient nettement plus basses hors des unités obstétricales. Mais les transferts en provenance de ces lieux étaient plus élevés (jusqu’à 45 %) pour les nullipares que pour les multipares (jusqu’à 13 %).
Les auteurs estiment que ces résultats « sont en faveur d’une politique offrant aux femmes ayant une grossesse à bas risque un choix quant au lieu de l’accouchement » et permettront aux femmes et aux couples d’avoir des échanges éclairés avec les professionnels de santé concernant le lieu de la naissance.
Une deuxième étude publiée en novembre 2011 par des auteurs néerlandais 3 portant sur 679 952 grossesses à bas-risque suivies par des sages-femmes a démontré que les accouchements à domicile étaient aussi sûrs que les accouchements à l’hôpital.
Ces travaux présentent la spécificité du modèle néerlandais où 25 % des accouchements ont lieu à domicile et où le système périnatal s’appuie sur le rôle prépondérant des sages-femmes comme acteurs de premier recours.
Cette étude expose également la grande liberté de choix dont bénéficient les femmes quant au lieu de leur accouchement dans ce pays.
Les auteurs de cette étude ont extrait leurs données du « Registre de périnatalité des Pays-Bas » de 2000 à 2007 qui rassemble un grand nombre d’informations sur le profil des mères ou encore sur le déroulement de leur accouchement. Les facteurs de risques disponible dans ce registre et qui ont été retenus par les auteurs étaient les suivants : mères nullipares ou multipares, âge, ethnie, lieu de domiciliation (zones socioéconomiquement défavorisées).
Les auteurs ont également déterminé 4 conditions, à l’origine de 85 % de la mortalité périnatale : anomalies congénitales, prématurité, retard de croissance et score d’Agpar bas. Si les auteurs notent que pour les accouchements prévus à domicile, un risque additionnel peut advenir dans certains sousgroupes, les résultats démontrent toutefois que les risques de mortalité intrapartum et dans les 7 jours suivants la naissance étaient extrêmement bas et quasiment semblables pour les accouchements à domicile programmés (0,15 %) et pour les accouchements à l’hôpital programmés (0,18 %). Après croisement et ajustement des 4 facteurs de mortalité périnatale déterminés par les auteurs, cette proportion s’inverse, le risque étant alors très légèrement supérieur à domicile.
Ces deux études, menées sur des cohortes extrêmement larges, démontrent de façon incontestable que le tout-hôpital n’est pas une garantie en termes de réduction de la morbidité et de la mortalité périnatales.
Leurs conclusions sont à mettre en parallèle avec le modèle périnatal français, où les patientes ont un choix restreint quant au lieu de leur accouchement et, avec le développement des protocoles dans les maternités, ont de moins en moins d’options quant au déroulement de celui-ci.
En démontrant que d’autres lieux d’accouchement que l’hôpital ne présentent pas un sur-risque pour les femmes et les nouveau-nés, les résultats de ces études confirment que les maisons de naissance constituent une alternative fiable à la prise en charge des grossesses et des accouchements normaux. Plus que jamais, la nécessité d’expérimenter ces structures en France apparaît comme une évidence.
1. Perinatal and maternal outcomes by planned place of birth for healthy women with low risk pregnancies: the Birthplace in England national prospective cohort study - BMJ 2011 ; 343:d7400.
2. Système de santé public du Royaume-Uni.
3. Planned Home compared with planned hospital birth in the Netherlands – Obstetrics and Gynecology Vol. 118, No. 5, November 2011.
Source contact février 2012