L'Egypte, dont la civilisation fût la plus rayonnante des temps antiques, donnait à la femme une place de choix, juridiquement, intellectuellement et moralement. Les filles égyptiennes étaient fiancées dès leurs premières années et mariées à 15 ans. les femmes étaient fécondes et il était fréquent de voir des familles de 8 à 10 enfants. Dans un pays où la natalité était aussi dense et dans une société où la femme hautement considérée occupait une place prépondérante, les sages-femmes, à l'instar des médecins, détenaient probablement une position privilégiée et respectée.
L'obstétrique, partie intégrante de la médecine, conserva longtemps un caractère sacré. Dès les temps prédynastiques, elle est pratiquée par des sages-femmes prêtresses et ce sont des divinités féminines qui sont évoquées par les femmes en cas de danger.
HATHOR (mère et/ou épouse du Dieu faucon Horus), ISIS (déesse des mariages et de la fécondité, soeur et épouse d'Osiris) ou ISIS-HATHOR (dont le culte donnait lieu à des réjouissances grandioses dans toute l'Egypte) est la maitresse sage-femme de l'équipe obstétricale divine (les 7 Hathors).
Chacune y occupe une fonction bien déterminée. A Enesh, elles sont intitulées : "les habitantes du Nord qui font le charme de l'accouchement pour la mère". Elles s'apparentent aux bonnes fées marraines de notre Moyen-Age.
Profondément religieux, traditionalistes, les Egyptiens conservèrent toujours à la médecine et à l'obstétrique le caractère magique des origines, mais, avec le temps, elles perdirent peu à peu leur caractère sacerdotal; il semble qu'alors une médecine laïque se soit instaurée, car des corporations de sages-femmes et de médecins existaient déjà antérieurement à l'exode (vers 1230 avant J.C.).
C'est dans les temples qu'initialement la médecine et l'Obstétrique furent enseignées. A ceux-ci furent annexés assez tardivement les Maisons de Vie (Memphis, Abidos...). Ces maisons étaient les centres d'enseignement des études religieuses, magiques, médicales, astronomiques, astrologiques et scriptorium.
C'est aux chefs de la corporation des sages-femmes égyptiennes SIPHRA et PUA, que pendant la période de répression contre les Hébreux (dès 1320 avant J.C.) PHARAON donna l'ordre d'exterminer les enfants mâles. "Quand vous accoucherez les femmes des Hébreux et que vous les verrez sur les sièges, si c'est un fils, vous le ferez mourir; mais si c'est une fille, qu'elle vive. Mais les sages-femmes craignirent Dieu et ne firent pas ce que le roi d'Egypte leur avait dit : pourquoi avez vous fait ainsi, et avez vous laissé vivre les garçons ? Et les sages-femmes répondirent à PHARAON : c'est que les femmes des Hébreux ne sont point comme les égyptiennes car elles sont vigoureuses; avant que la sage-femme arrive auprès d'elle, elles ont accouché. Et Dieu fit du bien aux sages-femmes; le peuple se multiplia et devint très nombreux. Et parce que les sages-femmes craignirent Dieu, il fit prospérer leurs maisons" (La Bible, Op. Cit. Exode)