La Grèce est réellement le berceau scientifique de la médecine et dans aucun pays du monde antique, cette discipline n'a atteint un tel progrès.
Peu à peu dégagée des contraintes religieuses, "l'obstétricie" amorça son évolution. Les sages-femmes, médecins des femmes et des enfants, abandonnent progressivement les pratiques magiques. Elles vont, avec une recherche plus raisonnée des phénomènes de la parturition, participer scientifiquement à son développement. Excellentes cliniciennes, elles savent observer les symptômes et l'évolution des cas qui se présentent à elles, établir un diagnostic plus précis, prescrire un traitement mieux approprié et le moins néfaste, et reconnaître le danger de certaines méthodes. Le traité post-hippocratique "des maladies des femmes" probablement rédigé par une sage-femme est un exemple de cette évolution.
Les sages-femmes, comme ailleurs, sont les héritières des prêtresses vouées au culte des déesses de la fécondité et de l'art des accouchements. A Sparte comme à Athènes, les femmes sont soignées par les sages-femmes qui doivent être de naissance libre. Ce sont des "personnes respectables".
Elles devaient, pour exercer ce noble office, avoir donné des preuves de leur fécondité et en avoir passé l'âge. Ceci pour honorer ARTEMIS, déesse des accouchements.
La jeune fille grecque est mariée à 25 ou 26 ans et il importe, dans toute la Grèce que le mariage soit bien assorti pour engendrer de vaillants citoyens.
La déesse HERA préside à cette union pour laquelle les sages-femmes sont consultées. Elles "savent parfaitement quelle femme il faut accoupler à quel homme pour avoir les enfants les plus parfaits" car "l'art de semer et de récolter ne sont pas différents. "C'est un avis médical que l'on sollicite d'elle et les sages-femmes qui sont des personnes respectables évitent de s'entremettre pour les mariages..." ; "pourtant, c'est bien aux véritables accoucheuses et à elles seules qu'il appartient de bien assortir les mariages".
Encore à l'époque d'HIPPOCRATE, aucune sage-femme "n'accouche d'autres femmes tant qu'elle est encore capable de concevoir et
d'enfanter". "Cet usage vient dit-on d'ARTEMIS qui a été chargée de présider aux accouchements sans avoir jamais enfanté.
Elle n'a donc pas permis aux femmes stériles d'être des sages-femmes, parce que la nature humaine est trop faible pour exercer un art dont elle n'a pas l'expérience; ainsi est-ce aux femmes qui ont passé l'âge d'enfanter qu'elle a confié cette charge, pour honorer la ressemblance qu'elles ont avec elle"
SOCRATE, le plus illustre des philosophes de l'Antiquité s'enorgueillissait d'être "le fils d'une très vaillante et vénérable sage-femme PHENARETE, il comparait sa doctrine philosophique à l'art des accouchements; il lui donnera de ce fait, le nom de "Maïeutique".
Les sages-femmes participent au progrès médical en gestation depuis plusieurs siècles, car encore à l'époque où vivait HYPPOCRATE, aucun homme, fût-il le "père de la Médecine", ne pouvait répondre aux critères religieux exigés pour l'exercice de l'art obstétrical et les lois athéniennes concernant les femmes étaient rigoureuses. Plus tard, à la faveur de l'altération des moeurs, de la religion et de la condition devenue défavorable des femmes, les hommes s'immiscèrent dans la pratique des accouchements et s'initièrent à la médecine des femmes.
"L'obstétricie" grecque rayonnera dans le bassin méditerranéen pendant plusieurs siècles. Rome en sera l'héritière; les Hébreux et plus tard les Arabes s'en inspireront largement. Elle ressurgira en France au Moyen-âge.