Tout au début de son histoire, Rome instaure des Dieux, des demi-dieux et des héros. A l'art des accouchements président des déesses. JUNON-LUCINE, la sage-femme divine, incarne la vie et la lumière. Elle préside au Matronalia. Elle est honorée sous un vocable différent par les femmes tout au long de leur vie génitale et des diverses phases de l'accouchement.
Dès l'origine de Rome, le tyrannique patriarcat romain pèse lourdement sur la femme dont l'infériorité est totale. Le père règne en maître absolu, le mariage est un devoir civique et religieux, une fille est en général mariée à 17 ans. Enfanter est tout ce que l'on attend alors d'elle.
Si l'on en croit PLINE, il n'y eut à Rome, pendant 600 ans, pas ou peu de médecine, confinée dans un obscurantisme ancestral. La domination romaine imposée aux Grecs permis à ceux-ci d'amener progressivement leur médicine et d'imposer dans la Péninsule une culture plus évoluée et civilisatrice.
Les sages-femmes romaines nommées "medica" ou "Maïa" étaient organisées en corporation (nobilitas obstetricum). De nombreuses sages-femmes grecques y furent intégrées.
Les jurisconsultes romains, en regard de la considération dont jouissaient les sages-femmes, inclurent à leur législation des édits les concernant : dans les cas de divorce, lorsqu'il y avait contestation sur l'état gravidique de la femme, le Prêteur était tenu de demander l'avis de trois sages-femmes.
MOSCHION, élève de SORANUS, médecin grec et un des rares accoucheurs de son temps, écrit qu'il existe à Rome deux catégories de sages-femmes, les unes inexpérimentées, qui agissent dans ce qui est selon la nature, et les autres qui savent tout ce qu'elles doivent connaître qui agissent dans ce qui est contre nature , c'est à dire dans les cas difficiles. Il est probable que l'on réclamait encore des sages-femmes d'avoir fait l'expérience de la maternité, mais contrairement à l'opinion répandue, SORANUS ne l'estime pas exigible, car dit-il "une femme qui a déjà accouché sera moins compatissante que celle qui n'est pas mère."
C'est à SORANUS et à MOSCHION que nous sommes redevables de la connaissance de l'enseignement requis des sages-femmes romaines et de leur niveau intellectuel, en même temps que celle de la pratique obstétricale, au 1er siècle de notre ère. Ils ont certes, beaucoup emprunté aux écrits de l'école post-hippocratique, à ASPASIE (sage-femme grecque célèbre pour ses écrits), à la pharmacopée égyptienne, mais ils méritent d'avoir, avec clarté, précision et classification, rédigé un "Traité d'Obstétrique".
Cet art devait demeurer à ce stade pendant quelques siècles encore, puis régresser et, avec la décadence de l'Occident, retomber dans l'empirisme et dans l'ignorance.