Dans le haut Moyen-Age, après l'effondrement de l'empire romain et la conquête de Clovis, roi des Francs, se déchaine dans notre pays la barbarie. Invasions, guerre fratricide, lutte atroce, persécutions, pillages sont le lot commun.
L'art médical n'échappe pas à ces nouvelles règles. Dans les monastères fondés dès le Vème siècle, sont conservés quelques rudiments de médecine et d'apothicairerie. L'art des accouchements subit la même détérioration. Il est alors probablement pratiqué par des descendantes des druidesses. Réfugiées dans les forêts ou en des lieux retirés, elles furent identifiées à des fées ; puis, christianisées, on les baptisa "sorcières" pour mieux les exterminer.
Parallèlement à la médecine des monastères, dès le XIème siècle, apparurent les "mires" sorte de médecins laïcs, guérisseurs, dont les femmes "les miresses" ou mirgesses" pouvaient probablement pratiquer librement les accouchements.
Dans les villes, il semble que les sages-femmes aient constitué un corps médical, une communauté reconnue officiellement, car elles étaient requises comme expertes avec des médecins et des chirurgiens lors de procédures dites "lits de justices". Elles sont désignées comme "matrones jurés".
Jusqu'au XIVème siècle, dans les campagnes, la vie est une lutte quotidienne, et la mort d'une femme ou d'un enfant est acceptée comme l'expression de la volonté divine.
Les accouchements sont pratiquées par des matrones (autrement appelée ventrière).
La matrone, souvent fort âgée, aussi inculte que ses congénères, est désignée par l'ensemble des femmes de la paroisse en présence du curé. Il lui suffisait de présenter un certificat de moralité décerné par le prêtre, être bonne chrétienne et savoir baptiser même in-utero. Pas le moindre rudiment de connaissance obstétricale n'était demandé. Sa mission est avant tout de sauvegarder les principes religieux et la discipline ecclésiastique. Il était fréquent que beaucoup de ces femmes n'aient même jamais assisté à un accouchement avant leur "nomination".
Magico-religieuses, leurs pratiques semblent manifestement criminelles. La mortalité infantile est telle, que seul 25% des nouveau-nés pouvaient espérer devenir adulte. Que d'enfants morcelés, mutilés et de femmes sacrifiées !
Il faut attendre 1757, qu'une sage-femme devenue célèbre, Madame Le Boursier du Coudray, jette un cri d'alarme et se fasse entendre par un appel à plus d'humanité.